Berceau historique de l’industrie textile, en particulier dans le domaine de la soie, la région Auvergne-Rhône-Alpes a su évoluer face à l'émergence des fibres synthétiques dès les années 1950, qui représentent aujourd'hui plus de 65% de la production mondiale* comme le polyester (54%) et le polyamide (5%)*, en se spécialisant dans la transformation des fils.

Du fait d’une délocalisation croissante de la production, la filière a cependant perdu la maîtrise sur l’amont de la chaîne de valeur. L’activité de filage multifilaments est devenue résiduelle, spécifique et souvent intégrée pour des besoins propres. A ce jour, il n'existe plus d'entreprise française produisant et commercialisant du fil multifilaments polyester ou polyamide en filage, et à fortiori, en capacité de répondre à des demandes d’études et de production.

Cette absence de souveraineté limite le contrôle des propriétés du fil et sa traçabilité. Elle impacte la flexibilité nécessaire aux industriels textiles. De plus, cette dépendance réduit la capacité d'innovation et entrave les efforts liés à la performance environnementale. Par ailleurs, plus de 44% de l'empreinte carbone de l'industrie textile française provient de la matière première utilisée*. Travailler en local ainsi qu'avec des matières plus vertueuses (recyclées ou biosourcées) a donc un impact direct sur l'empreinte environnemental du produit fini.

Ces chiffres soulignent la nécessité de retrouver une souveraineté industrielle et de poursuivre la transition vers une utilisation de matériaux plus durables. Ces enjeux stratégiques constituent une opportunité de créer, rejoindre, structurer de nouveaux systèmes circulaires locaux autour du fil, et d'offrir un positionnement d'excellence, de rayonnement international, à l'industrie textile de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Sources : Preferred Fibers & Materials Market Report (Textile Exchange 2022), Guide de la décarbonation des entreprises du textile (WeCount 2023)